80
REGISTRES DU-BUREAU
[i5G8]
CXLVI. — Confiscation de onze tonneaux de métail saisis sur le baron de Courtenay.
22 décembre 1068. (Fol. 1/12 r°.)
t Aujourd'huy, xxue jour de Decembre mil v° soixante huict, le Roy estant à Melun, ayant esté adverty que les Prevost des Marchans et Eschevins de sa ville de Paris auroient faict saisir et arrester sur le baron de Courtenay M unze tonneaux de mes­tail, a ordonné et ordonne que lesdictz Prevost et Eschevins feront fondre et emploier tous lesd, mes­tail au proffict de lad. Ville en liarquebuzes à crocq et pieces d'artillerye, pour la deffence d'icelle, leur
faisant don, en tant que besoing seroit; de tout led. mestail et matieres qui se trouverra dedans lesd, tonneaux, à quelque somme de deniers que le tout puisse monter.
"En tesmoing de ce, Sa Majesté a commandé leur en expedier le present brevet, ensemble toutes lettres qui leur seront pour ce requises et necessaires, n
Ainsy signé : "De L'Aubespine''2'-.
CXLV1I. — De ne vendre le charbon plus de xii solz tournois le minot
3i décembre 1568. (Fol. i4o r°.)
t #e par les Prevost des Marchans et Eschevins de la Ville de Paris. " On faict deffences à tous marchans regratiers et autres qu'il appartiendra de vendre ne débiter cn ladicte Ville et faulxbourgs aucun charbon, à plus hault pris que de douze solz tournois Ie minot; auquel pris leur est permis vendre et delivrer ledict charbon par provision et actendu la necessité et pénu-
rie qui en est à present en icelle Ville, sur peine de confiscation d'icelluy et amende arbitraire. Et neant­moins est enjoinct aux mesureurs dudict charbon de [ne] le souffrir vendre et débiter à plus hault pris, sur peine d'amende arbitraire.
"Faict le xxxie et dernier jour de Decembre mil v° soixante huict, n
[1! Le baron de Courtenay était huguenot et par suite traité comme rebelle; du reste, c'était un personnage peu recommandable, eomme on le verra, ll se nommait Gabriel de Boulainvilliers et était le cinquième et dernier Ols de Philippe de Boulainvilliers, seigneur dudit lieu, de Verneuil et de Saint-Martin-sur-1'Averon, baron de Préaux et de Rouvray, vicomte - hérédital n de Dreux, comte de Dam­martin el de Fauquemberge, seigneur de Courtenay, et de Françoise d'Anjou, sa femme, morte en i555; elle était fille elle-même dé René d'Anjou, seigneur de Mézières, et d'Antoinette de Cbahannes-Dammartin. De Thou, parlant de la discipline sévère que les huguenots observaient dans le commencement des troubles, ajoute: -Nulle faute ne demeuroit impunie. Gabriel de Boulainvilliers de Courtenay, qui viola Ia fille d'un villageois, fut le seul qui se déroba au châtiment qu'il avoit justement mérité. La plupart en marquèrent publique­ment leur indignation; mais Dieu, qui ne laisse pas impuni ce que les hommes pardonnent ou dissimulent, permit qu'il fût pris quelque temps après à Paris pour d'autres crimes et qu'il fût puni demortn. (Histoire univers., trad, franç., t. IV, p. ai3.) Ce fut le 20 juillet 1569, suivant le journal de Pierre Brulart, que le baron de Courtenay zl'un des principaux factieux el insigne voleur, fils du feu comte de Dampmartin, eut la teste tranchée en la place de Grève-. (Mémoires de Condé, Paris, 1743, in-4°, t. I", p. 205.) Courtenay, alors ville close, était sans doute occupée par une petite garnison protestante, car il avait été décidé, quelques mois aupara­vant, quc le sergent royal du lieu résiderait à Sens pendant les troubles. (Voir un arrêt du Parlement du 24 novembre 1568, Arc/nues nat., X" 1625, fol. 28 v°.)
'-' Ce brevet a été transcrit entre deux mandements, l'un du 12, l'autre du 17 janvier 1569; la place qu'il occupe surie Registre est peut-être une indication approximative de la date de sa réception à la Ville, ou de sa mise à exécution. Cependant le jour n'étant point indiqué d'une façon formelle et précise, nous avons reporté el classé la pièce, comme nous le faisons toujours en pareil cas-, à sa date d'envoi, c'est-à-dire au 22 décembre 1568.